Paysagiste

Nuno Ribeiro da Costa : L’art du paysage méditerranéen résilient

Date
décembre 24, 2025
Author
Umilys

Dans un monde où le changement climatique redéfinit nos rapports à l’eau et à la chaleur, certaines figures de l’architecture du paysage émergent comme des précurseurs essentiels. Parmi eux, Nuno Ribeiro da Costa, paysagiste portugais de renom, se distingue par une approche qui réconcilie esthétique contemporaine et sobriété écologique.

Loin des pelouses anglaises gourmandes en eau, il dessine des paysages qui célèbrent l’aridité, la lumière et la culture vernaculaire du Portugal. Découvrez comment ce créateur façonne le jardin méditerranéen de demain.


Un ancrage profond dans la terre portugaise

Le parcours de Nuno Ribeiro da Costa est indissociable de la géographie de son pays. Formé en architecture paysagiste à l’Universidade de Évora, une institution réputée pour son approche sensible du territoire et de l’écologie, il a développé une expertise intimement liée aux climats chauds et secs.

Son travail se concentre principalement dans le sud du Portugal, entre les plaines dorées de l’Alentejo et les côtes de l’Algarve. C’est dans ces régions, où l’été est brûlant et l’eau précieuse, qu’il a affiné son style. Il ne cherche pas à importer des modèles venus du nord de l’Europe, mais à sublimer le paysage existant. Son positionnement est clair : créer des espaces qui semblent avoir toujours été là, fusionnant design minimaliste et respect absolu de la nature locale.


Philosophie : Écouter le vent et sculpter l’ombre

La signature de Nuno Ribeiro da Costa repose sur une lecture minutieuse du site. Avant de planter, il analyse.

Une scène typique de sa méthodologie

Imaginez le paysagiste arrivant sur un terrain vierge dans l’arrière-pays de l’Alentejo. Le sol est sec, caillouteux. Au lieu de vouloir tout aplanir et irriguer massivement, il observe. Il repère l’inclinaison des pentes pour comprendre le ruissellement naturel des pluies. Il note l’orientation des vents dominants qui assèchent la végétation.
C’est cette « écoute » du lieu qui guide le tracé : un mur sera érigé ici non pas seulement pour l’esthétique, mais pour créer une zone d’ombre protectrice ; un chemin de gravier sera tracé là pour permettre l’infiltration de l’eau.

Les piliers de sa conception

  1. La gestion de l’eau : C’est la clé de voûte. Il privilégie le jardin sec, utilisant des techniques de captation des eaux de pluie et des sols drainants pour éviter l’évaporation et le ruissellement inutile.
  2. L’ombre comme matériau : Dans le sud, l’ombre est un refuge. Nuno Ribeiro da Costa joue avec les pergolas, les canopées d’arbres et les murs blancs chaulés pour créer des microclimats vivables.
  3. La minéralité : Le sol n’est pas caché. Le gravier, la pierre et le sable font partie intégrante du design, apportant textures et luminosité sans demander d’entretien hydrique.

Le rapport aux plantes : La beauté de la résistance

Pour ce paysagiste portugais, une plante doit être autonome. Il s’éloigne de l’horticulture ornementale fragile pour se tourner vers des essences « guerrières », capables de survivre à des étés torrides.

  • L’architecture végétale : Il structure l’espace avec des arbres emblématiques comme le pin parasol (Pinus pinea), le chêne-liège ou l’olivier centenaire. Ces arbres fournissent l’échelle et l’ombre nécessaires.
  • Le sous-bois méditerranéen : Au sol, pas de gazon, mais des tapis de plantes aromatiques et de vivaces : lavandes, romarins, cistes, phlomis.
  • La spontanéité contrôlée : Bien que ses jardins soient dessinés, il laisse une place à la dynamique naturelle. Les plantes peuvent s’étoffer et prendre des formes libres, créant un dialogue souple avec la rigueur de l’architecture bâtie.

Des projets qui marquent le paysage européen

Bien que la discrétion soit souvent de mise sur les projets privés, le travail de Nuno Ribeiro da Costa est visible à travers des typologies de réalisations qui font école dans l’architecture du paysage au Portugal.

On retrouve sa patte dans :

  • Des domaines viticoles et hôteliers : Où le paysage agricole (vignes, oliveraies) devient un jardin d’agrément, brouillant la frontière entre culture et nature sauvage.
  • Des villas contemporaines : Souvent situées sur des terrains en pente ou sablonneux (type Comporta), où des passerelles en bois flottent au-dessus de la végétation dunaire pour ne pas piétiner l’écosystème fragile.
  • L’intégration du bâti : Ses jardins ne sont pas des décors posés autour d’une maison, mais des prolongements de l’architecture. Les murs blancs typiques de l’architecture vernaculaire portugaise se prolongent dans le jardin pour structurer l’espace.

Pourquoi est-il une référence aujourd’hui ?

Nuno Ribeiro da Costa incarne une modernité qui a compris l’urgence climatique. Son approche est considérée comme une référence car elle prouve que l’écologie n’est pas synonyme de privation esthétique.

Il modernise le vocabulaire méditerranéen. Là où le jardin traditionnel pouvait parfois sembler chargé ou rustique, il apporte une ligne épurée, graphique et contemporaine. Il démontre que la résilience face à la sécheresse peut produire des paysages d’une grande poésie, jouant sur les nuances de gris du feuillage, l’ocre de la terre et le blanc de la pierre.


Conseils pratiques : Créer un jardin inspiré de Nuno Ribeiro da Costa

Même si vous habitez en Belgique ou dans le nord de la France, la philosophie de ce paysagiste peut inspirer vos aménagements, notamment face aux étés de plus en plus secs.

1. Préparez votre sol (le drainage est roi)
Le secret des plantes méditerranéennes n’est pas seulement la chaleur, mais le drainage. En climat humide, elles meurent si leurs racines trempent dans l’eau.

  • Conseil : Mélangez des graviers ou de la pouzzolane à votre terre pour la rendre très drainante. Surélevez vos massifs si nécessaire.

2. Adoptez le paillage minéral
Inspirez-vous des sols de l’Alentejo. Remplacez l’écorce de pin (qui acidifie et garde trop l’humidité) par du gravier calcaire ou du sable de rivière lavé.

  • Bénéfice : Cela renvoie la lumière vers les plantes et garde le collet au sec.

3. Structurez avec des persistants
Pour imiter la structure de ses jardins, utilisez des plantes qui gardent leur structure en hiver.

  • Choix : Des graminées (Stipa), des boules de romarin taillées, ou des cyprès pour la verticalité.

4. Créez des zones de vie ombragées
Ne cherchez pas le soleil à tout prix. Créez, comme lui, des pergolas simples (bois brut, canisses) pour filtrer la lumière et créer un lieu de vie extérieur intime.


Conclusion

Nuno Ribeiro da Costa nous enseigne que le jardin n’est pas une lutte contre le climat, mais une alliance. En embrassant les contraintes du paysage portugais — le vent, le soleil, la sécheresse — il crée des lieux d’une sérénité absolue. Une leçon de sagesse et de style pour tous les jardiniers du XXIe siècle.

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